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Migrer vers oVirt : comparatif vs VMware 2025
30 avril 2025
#oVirt
#VMware
#Opensource

Ce guide compare oVirt et VMware, deux solutions d'hyperviseur leaders sur le marché de la virtualisation. Nous répondrons aux 3 questions essentielles que se posent les professionnels IT : quelles sont les différences de fonctionnalités entre oVirt et VMware, comment évaluer leurs coûts respectifs, et comment migrer de VMware vSphere vers oVirt ? L'article détaille les avantages et inconvénients de chaque solution, et propose une méthodologie éprouvée pour réussir votre migration.
Le marché de la virtualisation de serveurs a atteint une maturité certaine, historiquement dominé par VMware vSphere, reconnu pour sa robustesse et son écosystème complet. Cependant, le paysage est en pleine mutation. L'intérêt pour les alternatives Open Source s'intensifie, largement alimenté par les pressions sur les coûts et une volonté croissante des entreprises d'accroître leur flexibilité et d'éviter la dépendance vis-à-vis d'un fournisseur unique.
La position de VMware, bien que toujours forte grâce à un ensemble de fonctionnalités éprouvées et une large base installée, est remise en question. L'acquisition par Broadcom a entraîné une refonte majeure du modèle de licence, passant de licences perpétuelles à des abonnements obligatoires, souvent calculés par cœur physique, et regroupés en offres packagées. Ces changements, perçus comme une augmentation significative des coûts pour de nombreux clients, agissent comme un catalyseur majeur pour l'évaluation d'alternatives.
Dans ce contexte, oVirt émerge comme une alternative Open Source crédible pour la gestion de la virtualisation d'entreprise. Basé sur l'hyperviseur KVM (Kernel-based Virtual Machine), oVirt offre une plateforme de gestion centralisée pour les machines virtuelles, le stockage et le réseau. Son modèle Open Source (licence Apache 2.0) élimine les coûts directs de licence logicielle, le rendant attrayant pour les organisations cherchant à réduire leurs dépenses ou à échapper au verrouillage fournisseur. Il séduit également les entreprises ayant une forte expertise Linux ou utilisant déjà des outils Open Source comme Ansible pour l'automatisation. Historiquement, oVirt a servi de base au produit Red Hat Virtualization (RHV) , bien que l'écosystème Red Hat s'oriente désormais davantage vers OpenShift Virtualization, qui intègre la gestion des VM dans sa plateforme de conteneurs.
L'objectif de ce rapport est de fournir une analyse complète et objective de la migration de VMware vSphere vers oVirt. Il abordera les aspects techniques, stratégiques et opérationnels pour aider les décideurs informatiques, les architectes d'infrastructure et les administrateurs systèmes seniors à évaluer la pertinence et la faisabilité d'une telle transition pour leur organisation.
Analyse des plateformes : VMware vSphere vs. oVirt
Une compréhension approfondie des architectures, des fonctionnalités et des modèles économiques de VMware vSphere et d'oVirt est essentielle avant d'envisager une migration.
Comparaison architecturale
- VMware vSphere : L'architecture repose sur l'hyperviseur bare-metal ESXi, installé directement sur les serveurs physiques. La gestion centralisée est assurée par vCenter Server, généralement déployé sous forme d'appliance virtuelle. ESXi exécute les machines virtuelles, tandis que vCenter fournit l'interface de gestion, les API et active les fonctionnalités avancées telles que vMotion (migration à chaud), DRS (Distributed Resource Scheduler) et HA (High Availability). Les offres plus récentes intègrent également des services pour les conteneurs et Kubernetes via vSphere with Tanzu (anciennement vSphere Kubernetes Service ou VKS).
- oVirt : L'architecture se compose de deux éléments principaux : l'oVirt Engine et les oVirt Nodes. L'Engine est le serveur de gestion centralisé, une application Java fonctionnant sur le serveur d'applications WildFly et utilisant une base de données PostgreSQL pour stocker sa configuration et son état. Les oVirt Nodes sont les hôtes d'hypervision qui exécutent les machines virtuelles. Ils fonctionnent généralement sur des distributions Linux basées sur RHEL/CentOS et utilisent l'hyperviseur KVM. Chaque nœud exécute l'agent VDSM (Virtual Desktop and Server Manager), écrit en Python, qui communique avec l'Engine pour gérer les ressources de l'hôte (calcul, stockage, réseau) et le cycle de vie des VM. oVirt offre également la possibilité d'un "self-hosted engine", où l'Engine lui-même fonctionne comme une machine virtuelle gérée au sein du cluster. La plateforme s'appuie sur plusieurs technologies Open Source sous-jacentes, notamment KVM, libvirt, et offre des intégrations avec GlusterFS pour le stockage distribué et Ansible pour l'automatisation.
Évaluation des fonctionnalités
- Virtualisation de base : Les deux plateformes excellent dans la gestion du cycle de vie des VM : création, déploiement, démarrage, arrêt, mise en pause et création de snapshots.
- Haute disponibilité (HA) : VMware HA et oVirt HA permettent le redémarrage automatique des VM sur d'autres hôtes en cas de défaillance matérielle d'un nœud. VMware propose des options potentiellement plus avancées comme Fault Tolerance (FT) dans ses éditions supérieures pour une protection contre les pannes sans interruption.
- Migration à chaud : VMware vMotion et oVirt Live Migration permettent de déplacer des VM en cours d'exécution entre les hôtes d'un même cluster sans interruption de service. VMware dispose de mécanismes comme Enhanced vMotion Compatibility (EVC) pour faciliter la migration entre des hôtes aux CPU différents. La migration à chaud dans oVirt peut avoir des prérequis spécifiques, notamment en matière de stockage partagé.
- Ordonnancement des ressources : VMware DRS automatise l'équilibrage de charge et le placement initial des VM pour optimiser l'utilisation des ressources. oVirt propose des politiques d'ordonnancement, la réservation de ressources pour la HA, et des fonctionnalités comme l'épinglage de CPU (CPU pinning) et la gestion de la topologie NUMA.
- Gestion du stockage : VMware prend en charge une large gamme de solutions de stockage : datastores VMFS sur SAN (FC/iSCSI), NFS, sa solution de stockage défini par logiciel (SDS) vSAN, et les Virtual Volumes (vVols). oVirt gère différents types de domaines de stockage : NFS, iSCSI, Fibre Channel, systèmes de fichiers compatibles POSIX (sur un hôte local ou partagé) et GlusterFS. Une distinction importante est qu'oVirt utilise typiquement des volumes logiques LVM sur les stockages bloc (iSCSI/FC) et des fichiers images (QCOW2 ou RAW) sur les stockages fichier (NFS/GlusterFS), ce qui peut complexifier la migration de stockage entre ces types.
- Gestion du réseau : VMware propose les vSwitches Standard et Distribués (DVS) pour la connectivité réseau des VM et des hôtes, ainsi que NSX pour la virtualisation avancée du réseau et la micro-segmentation. oVirt permet de définir des réseaux logiques, d'utiliser le marquage VLAN, l'agrégation de liens (bonding), et supporte SR-IOV pour le passage direct de fonctions réseau matérielles aux VM. La configuration réseau repose sur les mécanismes standards de Linux (bridging, bonding).
- Gestion & automatisation : La gestion de vSphere se fait via l'interface graphique de vCenter, l'interface en ligne de commande PowerCLI, et un ensemble riche d'API et de SDK (Software Development Kits). oVirt est administré via le portail web de l'Engine (WebAdmin), et expose également une API REST complète, des SDK (Python, Java, Ruby) et s'intègre nativement et fortement avec Ansible pour l'automatisation des configurations et des déploiements.
- Sécurité : Les deux plateformes intègrent des fonctionnalités de sécurité. VMware propose le chiffrement des VM et des disques vSAN, vSphere Trust Authority pour l'attestation à distance, le support des modules TPM (Trusted Platform Module) physiques et virtuels (vTPM), et la fédération d'identité avec des fournisseurs comme AD FS ou Azure AD. La sécurité d'oVirt repose largement sur les mécanismes de sécurité du système d'exploitation hôte Linux (comme SELinux), la gestion des certificats pour les communications internes, et l'intégration avec des services d'annuaire externes (LDAP, Active Directory) pour l'authentification et l'autorisation des utilisateurs via des rôles granulaires.
Modèles de Licence et Coût Total de Possession (TCO)
- VMware vSphere : Logiciel propriétaire nécessitant une licence par abonnement obligatoire, généralement basée sur le nombre de cœurs de CPU physiques des hôtes. Différentes éditions (par exemple, vSphere Standard, vSphere Foundation) incluent différents ensembles de fonctionnalités et de produits complémentaires (comme une certaine capacité vSAN, vSphere Kubernetes Services, ou des composants d'Aria Operations). Les coûts sont considérés comme élevés et ont augmenté suite à l'acquisition par Broadcom, avec des structures de packages parfois jugées contraignantes. Le support technique est inclus dans l'abonnement.
- oVirt : Logiciel Open Source distribué sous la licence Apache 2.0. Cela signifie qu'il n'y a pas de frais de licence logicielle directe. Le coût se déplace vers d'autres postes : matériel (bien que potentiellement plus flexible), effort de déploiement et de configuration, nécessité d'une expertise interne ou de formation, et potentiellement des contrats de support tiers payants auprès d'entreprises spécialisées dans le support Open Source.
- Considérations sur le TCO : Il est crucial de comprendre que le TCO d'oVirt doit inclure ces coûts indirects. Le temps passé par le personnel interne pour l'apprentissage, la gestion, le dépannage, ainsi que le coût éventuel de la formation ou des contrats de support externes, doivent être mis en balance avec les frais de licence directs de VMware. L'attrait initial du "gratuit" de l'Open Source peut être trompeur si les coûts opérationnels ne sont pas correctement anticipés. Les compétences VMware sont plus répandues sur le marché du travail que les compétences oVirt, ce qui peut influencer les coûts de recrutement et de rétention du personnel qualifié. L'analyse du TCO doit donc être holistique, intégrant les coûts du projet de migration lui-même, la formation, l'impact potentiel sur l'efficacité opérationnelle pendant la phase d'adaptation, et le coût du support choisi (interne ou externe).
Comparaison des plateformes : VMware vSphere vs. oVirt

Moteurs du changement : pourquoi migrer de VMware vers oVirt ?
Plusieurs facteurs poussent les organisations à envisager une migration de VMware vSphere vers oVirt.
Facteurs économiques
- Réduction des coûts de licence : C'est le moteur le plus fréquemment cité. L'élimination des frais d'abonnement par cœur de VMware, dont l'impact est amplifié par les récentes augmentations de prix et les changements de modèle, représente une économie potentielle substantielle.
- Évitement des offres groupées forcées : Certaines organisations cherchent à échapper à l'obligation d'acheter des ensembles de produits VMware contenant des composants dont elles n'ont pas besoin.
- Flexibilité matérielle : Les plateformes open source comme oVirt sont souvent perçues comme offrant une plus grande compatibilité avec du matériel standard ("commodity hardware"), ce qui pourrait réduire les coûts d'infrastructure par rapport aux solutions exigeant une stricte adhésion à une liste de compatibilité matérielle (HCL), bien que la HCL de VMware soit également très étendue.
Avantages stratégiques
- Évitement du verrouillage fournisseur (Vendor Lock-in) : Gagner en indépendance vis-à-vis de la feuille de route, de la stratégie tarifaire et des politiques de support d'un unique fournisseur propriétaire est un objectif stratégique majeur pour de nombreuses entreprises.
- Flexibilité et personnalisation Open Source : La nature ouverte d'oVirt permet de modifier, d'intégrer et d'adapter la plateforme à des besoins spécifiques en utilisant des standards ouverts et des API documentées. Les organisations peuvent potentiellement bénéficier de l'innovation portée par la communauté.
- Alignement sur l'écosystème existant : Pour les entreprises déjà fortement investies dans l'écosystème Linux et les outils open source comme Ansible, l'adoption d'oVirt peut permettre une meilleure intégration et une cohérence accrue des outils et des flux de travail.
Impératifs Techniques
- Besoins fonctionnels spécifiques : Bien que moins fréquent comme moteur principal depuis VMware, il est possible qu'une intégration particulière offerte par oVirt/KVM (par exemple, une intégration profonde avec GlusterFS pour le stockage hyperconvergé open source) soit un requis.
- Standardisation sur KVM : Une volonté de consolider les technologies de virtualisation sur l'hyperviseur KVM si celui-ci est déjà utilisé ailleurs dans l'organisation (par exemple, dans des déploiements OpenStack ou avec des serveurs KVM autonomes) peut motiver la migration.
Parcours de migration : défis et approches stratégiques
La migration de VMware vSphere vers oVirt est un projet d'envergure qui présente des obstacles techniques et organisationnels significatifs, nécessitant une planification stratégique minutieuse.
Obstacles Techniques
- Conversion des formats de disque VM : Le défi technique fondamental réside dans la conversion des disques virtuels du format VMDK de VMware vers les formats QCOW2 ou RAW, privilégiés par KVM et oVirt. Ce processus implique le transfert physique des données du disque et leur transformation, tout en garantissant l'intégrité des données. Des outils comme qemu-img et virt-v2v sont essentiels pour cette tâche. Il faut gérer différents sous-types de VMDK (thin, thick provisioned zeroed/eager zeroed, sparse) et potentiellement des configurations complexes comme les disques VMDK fragmentés (utilisés par VMware Workstation/Fusion, moins courants sur ESXi mais possibles).
- Compatibilité des pilotes : Assurer la présence et le bon fonctionnement des pilotes VirtIO (pour le réseau, le stockage bloc virtio-blk, le stockage SCSI virtio-scsi, le contrôleur de ballon mémoire virtio-balloon, le port série virtio-serial) dans le système d'exploitation invité est crucial pour obtenir des performances optimales sur KVM. Cela nécessite souvent d'installer ces pilotes avant la migration dans la VM source, ou de démarrer la VM migrée avec des périphériques émulés (comme un disque IDE ou une carte réseau E1000) pour pouvoir installer les pilotes VirtIO après le premier démarrage sur oVirt. La désinstallation préalable des VMware Tools de la VM source est une étape généralement recommandée, voire nécessaire.
- Correspondance de la configuration réseau : Il faut traduire les concepts réseau de VMware (vSwitches Standard/Distribués, groupes de ports, configurations VLAN) vers les réseaux logiques d'oVirt, qui s'appuient sur les mécanismes de pontage (bridging) et d'agrégation (bonding) de Linux sur les hôtes oVirt. Assurer la conservation des adresses MAC des interfaces réseau virtuelles peut être nécessaire pour éviter des problèmes de licence ou de configuration applicative.
- Intégration du stockage : Les hôtes oVirt doivent être correctement connectés aux systèmes de stockage cibles (NFS, iSCSI, FC, GlusterFS) et les datastores VMware doivent être mappés aux domaines de stockage oVirt. Des complexités particulières peuvent survenir avec les VM utilisant des disques VMDK partagés (mode multi-writer ou partage de bus SCSI physique), souvent employées pour des clusters applicatifs comme Microsoft Cluster Server (MSCS). Ces configurations peuvent ne pas supporter la création de snapshots, une fonctionnalité requise par de nombreuses méthodes de migration à chaud ou assistées par des outils.
- Complexité de l'outillage de migration : Comprendre et utiliser efficacement les outils comme virt-v2v demande une certaine expertise. Il faut gérer l'authentification auprès de vCenter/ESXi, configurer correctement les hôtes proxy oVirt, interpréter les logs, et potentiellement contourner des limitations (support de versions spécifiques d'OS invités, problèmes avec les clusters vCenter, gestion des erreurs).
- Gestion de l'indisponibilité (Downtime) : La plupart des méthodes de migration standard impliquent une indisponibilité de la machine virtuelle (migration à froid) ou, au minimum, une brève interruption de service pendant la bascule finale (migration à chaud). Obtenir une migration sans aucune interruption perceptible par l'utilisateur final ("near-zero downtime") est un défi majeur et requiert généralement des outils commerciaux avancés basés sur la réplication continue.
- Performance pendant la migration : Les méthodes basées sur les snapshots VMware (via l'API VDDK) peuvent dégrader significativement les performances de lecture/écriture de la VM source pendant la création, la consolidation ou la lecture du snapshot. Les méthodes basées sur des agents installés dans l'OS invité consomment des ressources CPU et mémoire sur la VM source pendant le transfert des données. La bande passante réseau disponible entre l'environnement source et cible est également un facteur critique pour la durée de la migration.
Impact Organisationnel
- Manque de compétences et formation : Le personnel habitué à administrer VMware vSphere devra acquérir de nouvelles compétences sur oVirt, KVM, l'administration des hôtes Linux sous-jacents, et potentiellement sur des technologies associées comme GlusterFS pour le stockage ou Ansible pour l'automatisation. Cela représente un investissement significatif en temps et en budget de formation.
- Changement des procédures opérationnelles : Les flux de travail existants pour le provisionnement des VM, la surveillance, la sauvegarde et la restauration, l'application des correctifs (patching), et la gestion de la reprise après sinistre (Disaster Recovery) devront être entièrement revus et adaptés à l'environnement oVirt.
- Ajustement du modèle de support : Passer d'un support fourni par le vendeur avec des engagements de niveau de service (SLA) clairs (VMware) à un modèle basé sur le support communautaire (forums, listes de diffusion) ou des contrats de support payants pour l'open source nécessite un changement d'attentes et de processus internes pour la résolution des incidents. La réactivité et les garanties peuvent différer.
- Complexité de la gestion de projet : Une migration est un projet informatique majeur qui exige une planification rigoureuse, une allocation de ressources adéquate, une gestion des risques proactive et une communication transparente avec toutes les parties prenantes. Des analystes comme Gartner estiment que de telles migrations peuvent être longues (jusqu'à plusieurs années pour de grands parcs) et coûteuses par VM migrée.
- Gestion du changement : Il est essentiel de gérer la résistance potentielle au changement au sein des équipes IT et d'assurer l'adhésion des utilisateurs et des responsables à la nouvelle plateforme.
Stratégies de Migration Viables
- Migration à froid (Cold Migration) : Cette approche consiste à éteindre complètement la machine virtuelle sur VMware, puis à exporter ou copier ses fichiers de disque (VMDK). Ces fichiers sont ensuite convertis au format QCOW2 ou RAW (par exemple, en utilisant qemu-img ou virt-v2v en mode hors ligne). Une nouvelle définition de VM est créée dans oVirt, les disques convertis y sont attachés, les pilotes VirtIO sont installés si nécessaire (souvent après un premier démarrage avec des pilotes émulés), puis la VM est démarrée sur oVirt.
- Avantages : Conceptuellement la plus simple, risque minimal d'incohérence des données pendant le transfert car la VM est arrêtée.
- Inconvénients : Indisponibilité totale de la VM pendant toute la durée de la copie, de la conversion et de la reconfiguration, ce qui peut être très long pour de grosses VM.
- Cas d'usage : VM non critiques, VM pouvant supporter de longues fenêtres de maintenance planifiées, migrations initiales de test pour valider le processus.
- Migration à Chaud/Tiède (Warm Migration) : Cette méthode vise à minimiser l'indisponibilité. Elle commence par une copie initiale complète des disques de la VM pendant qu'elle est en cours d'exécution sur VMware. Cette copie initiale utilise souvent des snapshots VMware (via VDDK) ou un agent installé dans l'OS invité pour lire les données. Ensuite, des synchronisations incrémentielles sont effectuées périodiquement pour transférer uniquement les blocs de données modifiés depuis la dernière synchronisation. Finalement, une courte fenêtre d'arrêt est nécessaire pour effectuer une dernière synchronisation rapide des changements, arrêter la VM source, et démarrer la VM sur oVirt avec les données à jour. L'outil virt-v2v peut fonctionner dans des modes "en ligne" en se connectant directement à ESXi ou vCenter pour orchestrer ce type de processus.
- Avantages : Réduit considérablement l'indisponibilité de l'application par rapport à une migration à froid, la limitant à la courte période de bascule finale.
- Inconvénients : Plus complexe à mettre en œuvre et à gérer. Peut impacter les performances de la VM source pendant les phases de copie/synchronisation. Dépend de la capacité à prendre des snapshots (peut échouer avec des disques partagés ). Nécessite toujours une interruption de service, même brève.
- Cas d'usage : VM critiques pour l'entreprise où une indisponibilité prolongée est inacceptable.
- Migration Phasée/Par Lots (Phased/Batch Migration) : Plutôt que de tenter une migration "big bang", les VM sont migrées par groupes logiques (par exemple, par application, par environnement de développement/test/production, par criticité).
- Avantages : Réduit le risque global du projet. Permet à l'équipe de monter en compétence et d'affiner le processus de migration au fur et à mesure. Répartit la charge de travail sur une période plus longue.
- Inconvénients : Prolonge la durée totale du projet de migration. Nécessite de gérer un environnement hybride (VMware et oVirt coexistant) pendant la transition, ce qui peut complexifier l'administration.
- Cas d'usage : Environnements de grande taille, migrations complexes avec de nombreuses interdépendances.
- Reconstruction/Re-plateforme (Rebuild/Re-platforming): Au lieu de migrer la VM existante telle quelle (lift-and-shift), cette approche consiste à construire une nouvelle VM nativement sur oVirt, puis à y redéployer l'application et à migrer les données applicatives.
- Avantages : Permet de partir sur une base saine (OS à jour, configuration propre). Évite de potentiels problèmes hérités de l'ancienne VM. Offre une opportunité de moderniser le déploiement de l'application (par exemple, en utilisant des outils d'infrastructure-as-code comme Ansible).
- Inconvénients : Effort potentiellement très élevé, nécessite une expertise au niveau applicatif pour le redéploiement et la migration des données. Non adapté à toutes les charges de travail, en particulier les applications monolithiques complexes ou anciennes ("legacy").
- Cas d'usage : Applications prévues pour une mise à niveau ou une refonte, applications simples et sans état ("stateless"), transition vers des pratiques DevOps/IaC.
Il est important de souligner qu'une migration à chaud sans aucune interruption de service, similaire à vMotion entre des hôtes ESXi, n'est généralement pas réalisable lors d'une migration de VMware vers oVirt avec les outils standards. La migration "à chaud/tiède" minimise l'indisponibilité mais implique toujours une bascule finale. Atteindre un niveau d'indisponibilité quasi nul nécessite des solutions de réplication continue spécialisées, souvent commerciales.
Analyse des stratégies de migration

La boîte à outils de migration : outils et méthodologies
Le succès d'une migration repose en grande partie sur le choix et la maîtrise des outils appropriés.
Outils de conversion fondamentaux
- virt-v2v : C'est l'outil open source de référence pour la conversion de machines virtuelles (V2V - Virtual-to-Virtual) vers des plateformes basées sur KVM comme oVirt.
- Fonctionnalités : virt-v2v peut se connecter à divers hyperviseurs sources, notamment VMware ESXi et vCenter (via leurs API), Xen, et Microsoft Hyper-V, ou lire des formats d'export comme les fichiers OVA (Open Virtualization Appliance) ou directement des images disque. Il gère la conversion des formats de disque (par exemple, VMDK vers QCOW2 ou RAW). Une de ses fonctions clés est la modification du système d'exploitation invité pour assurer la compatibilité avec KVM : il peut injecter les pilotes VirtIO nécessaires, ajuster la configuration du chargeur d'amorçage (bootloader) et du noyau (initramfs/initrd). virt-v2v peut écrire le résultat de la conversion directement sur des domaines de stockage oVirt (en utilisant un hôte oVirt comme proxy), ou vers des fichiers locaux, un hyperviseur KVM géré par libvirt, ou même une plateforme OpenStack.
- Intégration avec oVirt : L'oVirt Engine peut orchestrer l'exécution de virt-v2v. L'administrateur sélectionne un hôte oVirt dans le centre de données cible pour agir comme "proxy de conversion". Cet hôte doit avoir un virt-v2v installé. L'Engine délègue ensuite la tâche de conversion à cet hôte proxy.
- Limitations : Bien que puissant, virt-v2v peut rencontrer des difficultés avec certaines versions spécifiques d'OS invités, des configurations matérielles virtuelles très complexes, des applications en cluster, ou lors de migrations à très grande échelle sans une couche d'automatisation robuste. Sa mise en œuvre requiert une configuration soignée : gestion des informations d'identification pour la source et la cible, connectivité réseau adéquate entre le proxy et la source, et configuration correcte de l'hôte proxy.
- qemu-img : Un utilitaire en ligne de commande fondamental faisant partie de la suite QEMU/KVM, spécialisé dans la création, la conversion et la manipulation d'images disque virtuelles. Il est souvent utilisé dans des scénarios de migration à froid manuels ou scriptés pour convertir les fichiers VMDK en QCOW2 ou RAW. Son utilisation nécessite cependant une gestion manuelle de la création de la VM cible dans oVirt et de l'installation/configuration des pilotes dans l'OS invité.
- Libguestfs : Une suite d'outils (dont virt-v2v fait partie) conçue pour accéder et modifier le contenu des images disque de machines virtuelles sans avoir à démarrer la VM. Elle peut être utilisée pour des inspections de bas niveau ou pour scripter des modifications complexes sur les VM avant ou après la conversion.
- Automatisation (Ansible): L'utilisation d'Ansible pour automatiser les migrations V2V gagne en popularité. Des playbooks Ansible peuvent être développés pour orchestrer l'ensemble du processus : invocation de virt-v2v avec les bons paramètres, création et configuration des ressources dans oVirt (VM, réseaux, disques), exécution de scripts de pré-migration ou de post-migration (par exemple, installation de pilotes, nettoyage), et validation. Des solutions comme Oracle Linux Automation Manager (basé sur AWX/Ansible Tower) fournissent une interface et des fonctionnalités supplémentaires pour gérer ces automatisations. Red Hat promeut également fortement Ansible pour les migrations vers OpenShift Virtualization.
Solutions Commerciales et Alternatives
- VMware VDDK (Virtual Disk Development Kit) : Un ensemble de bibliothèques fournies par VMware qui permettent à des applications tierces (sauvegarde, migration) d'accéder directement aux fichiers VMDK. L'accès se fait souvent via des snapshots VMware, ce qui peut entraîner une brève "paralysie" (stun) de la VM lors de la création et de la suppression du snapshot, impactant les performances. L'utilisation du VDDK nécessite généralement la présence de vCenter.
- Outils de migration basés sur agent : Ces outils nécessitent l'installation d'un petit logiciel (agent) à l'intérieur du système d'exploitation invité de la VM à migrer. L'agent effectue une réplication au niveau bloc ou fichier vers la plateforme cible. Cette approche évite la dépendance aux snapshots de l'hyperviseur mais introduit la charge de déployer et gérer les agents, et consomme des ressources (CPU, RAM, réseau) sur la VM source pendant la réplication. Des exemples peuvent inclure des outils de fournisseurs spécifiques ou des solutions de sauvegarde utilisées en mode migration.
- Suites de migration commerciales (ex: Hystax Acura, Vinchin Backup & Recovery): Plusieurs éditeurs proposent des solutions logicielles dédiées à la migration inter-plateformes. Ces outils offrent souvent des fonctionnalités plus avancées que les options open source de base, telles qu'une automatisation poussée du workflow, des capacités de migration à chaud avec une indisponibilité très réduite (near-zero downtime), des fonctions d'orchestration pour migrer des applications multi-tiers dans le bon ordre, des possibilités de tests de migration illimités sans impact sur la production, et un support technique dédié. Ces solutions ont un coût, mais peuvent réduire considérablement la complexité, le risque et l'effort manuel, en particulier pour les migrations critiques ou à grande échelle. Elles combinent souvent différentes technologies (snapshots, agents, réplication continue) pour atteindre leurs objectifs.
Le choix de l'outillage est une décision critique qui dépend fortement de l'échelle de la migration, de la complexité de l'environnement, de la tolérance à l'indisponibilité et du budget alloué. Bien que virt-v2v soit un outil open source puissant et capable, sa mise en œuvre efficace pour des centaines ou des milliers de VM, surtout si elles sont critiques, bénéficie énormément d'une couche d'automatisation solide (comme Ansible) ou des capacités avancées (orchestration, réduction de l'indisponibilité, support) offertes par les suites commerciales. Tenter une migration de grande ampleur en se basant uniquement sur des exécutions manuelles de virt-v2v ou qemu-img est probablement irréaliste, chronophage et excessivement risqué.
Aperçu des outils de migration

Opérations Post-Migration : gérer l'environnement oVirt
La migration technique n'est que la première étape. Assurer le bon fonctionnement et la gestion efficace de l'environnement oVirt sur le long terme nécessite une attention particulière à la validation, à l'optimisation et à l'établissement de nouvelles procédures opérationnelles.
Validation et Optimisation des Performances
- Validation des charges de travail : C'est une étape post-migration absolument cruciale. Il faut vérifier de manière exhaustive que les applications fonctionnent correctement, que l'intégrité des données est préservée et que les performances (temps de réponse, débit) sont conformes aux attentes et aux mesures de référence établies avant la migration. Il est également essentiel de tester les fonctionnalités de la plateforme oVirt elle-même, comme la haute disponibilité (en simulant une panne d'hôte) et la migration à chaud des VM au sein du cluster oVirt.
- Optimisation des performances : Une surveillance continue des indicateurs clés de performance (KPI) est nécessaire : utilisation CPU, consommation mémoire, latence et débit réseau, I/O disque. En fonction des observations, il peut être nécessaire d'ajuster la configuration des VM (nombre de vCPU, quantité de RAM allouée, options des pilotes VirtIO). Des optimisations peuvent également être requises au niveau des hôtes oVirt (paramètres du noyau Linux, configuration réseau/stockage) ou de l'infrastructure sous-jacente. oVirt offre des fonctionnalités avancées comme l'épinglage de CPU à des cœurs physiques ou la configuration de la topologie NUMA pour les VM exigeantes, qui peuvent être exploitées si nécessaire.
- Gestion des ressources : Si une gouvernance plus stricte des ressources est nécessaire, oVirt permet de définir des quotas de consommation (CPU, mémoire, stockage) par utilisateur ou par groupe, ainsi que des politiques de niveau de service (SLA). Le "right-sizing" (ajustement de la taille) des VM en fonction de leur utilisation réelle observée post-migration est une bonne pratique pour optimiser l'utilisation des ressources et potentiellement réduire les coûts.
Établissement de nouvelles normes opérationnelles
- Sauvegarde et restauration : La stratégie de sauvegarde utilisée pour VMware n'est généralement pas directement transposable à oVirt. Il faut définir et mettre en œuvre une nouvelle approche adaptée à oVirt/KVM. Plusieurs options existent :
- Snapshots oVirt : La plateforme permet de créer des snapshots de VM (capturant l'état des disques et éventuellement de la mémoire). C'est une solution de base, mais la gestion des snapshots à grande échelle peut devenir complexe, et par défaut, ils sont souvent stockés sur le même domaine de stockage que la VM, ce qui ne constitue pas une vraie sauvegarde contre les pannes de stockage.
- Domaine de Stockage d'Exportation : oVirt permet d'exporter une VM (après l'avoir arrêtée ou via un snapshot) vers un domaine de stockage spécial de type "Export". Cela crée une copie complète de la VM qui peut être importée ultérieurement. C'est une méthode manuelle ou scriptable.
- API de Sauvegarde oVirt: oVirt expose des API spécifiques pour la sauvegarde, y compris une API pour la sauvegarde incrémentielle basée sur le suivi des blocs modifiés (Changed Block Tracking - CBT). Ces API permettent l'intégration avec des solutions de sauvegarde tierces.
- Solutions de Sauvegarde Tierces : Plusieurs éditeurs de logiciels de sauvegarde proposent une prise en charge spécifique d'oVirt (par exemple, Vinchin Backup & Recovery, BDRSuite, Bacula Enterprise, UrBackup). Ces solutions offrent souvent des fonctionnalités avancées comme la sauvegarde sans agent (agentless), l'utilisation du CBT pour des sauvegardes incrémentielles rapides et efficaces, la restauration granulaire de fichiers, la réplication vers des sites distants ou le cloud, et une gestion centralisée.
Quelle que soit la méthode choisie, il est impératif de tester régulièrement les sauvegardes et les procédures de restauration pour garantir leur fiabilité.
- Surveillance (Monitoring): Une surveillance complète de l'environnement oVirt est essentielle. Cela inclut la surveillance de l'oVirt Engine lui-même, des hôtes oVirt (via l'agent VDSM), des machines virtuelles individuelles, et de l'infrastructure de stockage et réseau sous-jacente. oVirt fournit des événements et des journaux, ainsi qu'un composant Data Warehouse (DWH) pour l'historisation des données de performance. Ces données peuvent être exploitées par des outils de surveillance externes (comme Zabbix, Nagios, Checkmk, ou Prometheus/Grafana via l'API oVirt ou en interrogeant directement la base de données DWH). La mise en place d'alertes proactives est cruciale.
- Application des Correctifs et mises à jour : Des procédures claires doivent être établies pour la mise à jour de l'oVirt Engine, des agents VDSM sur les hôtes, et des systèmes d'exploitation des hôtes eux-mêmes. L'utilisation d'outils d'automatisation comme Ansible peut simplifier et sécuriser ce processus.
- Maintenance : Des tâches de maintenance régulières sont nécessaires. Par exemple, le "vacuuming" périodique des bases de données PostgreSQL de l'Engine et du Data Warehouse est recommandé pour récupérer l'espace disque non utilisé et maintenir les performances. La documentation rigoureuse de toutes les procédures opérationnelles est également une bonne pratique.
Il est fondamental de reconnaître que la migration vers oVirt n'est pas simplement un changement d'outil, mais une transformation opérationnelle. Le succès à long terme dépend de la capacité de l'organisation à adapter ses processus et ses compétences à ce nouvel environnement. Les routines et les outils familiers de l'écosystème VMware doivent être remplacés par des pratiques adaptées à l'architecture oVirt et à ses dépendances (hôtes Linux, base de données PostgreSQL, KVM, etc.). Sous-estimer cet effort d'adaptation opérationnelle peut entraîner une instabilité, une dégradation des performances, voire une perte de données après la migration, annulant ainsi une partie des bénéfices attendus.
Perspectives du terrain : études de cas et leçons apprises
L'analyse des expériences réelles de migration et d'utilisation d'oVirt fournit des informations précieuses sur les défis concrets et les meilleures pratiques.
Migrations Documentées et Expériences Utilisateur
- Témoignages d'utilisateurs oVirt : Plusieurs organisations ont partagé leur expérience avec oVirt, souvent après une migration depuis d'autres plateformes ou comme choix initial pour une infrastructure open source. Des entités comme le Centre de Calcul de Recherche de l'Université d'État de Floride (FSU RCC), la Brussels Airport Company, la société de conseil allemande it-novum, le système judiciaire Judici dans l'Illinois, et la société néerlandaise Nieuwland Geo-Informatie ont adopté oVirt. Les motivations récurrentes incluent la réduction des coûts (par rapport à VMware), l'alignement avec une stratégie open source, la flexibilité et la scalabilité. L'entreprise it-novum, par exemple, a migré près de 1100 VM depuis VMware vers oVirt, jugeant la plateforme comparable en termes de fonctionnalités avancées, mais soulignant que le processus de migration était très consommateur de temps et nécessitait beaucoup de travail manuel et de scripting, faute d'outils automatisés répondant parfaitement à leurs besoins à l'époque. Parmi les défis mentionnés figurent la complexité potentielle de la configuration réseau initiale et le souhait d'un processus d'installation et de mise à jour plus fluide. La communauté oVirt est souvent citée comme un point positif pour son aide.
- Expériences générales de migration (souvent vers KVM/OpenStack/Proxmox, leçons applicables à oVirt): Les retours d'expérience sur les migrations depuis VMware vers d'autres plateformes KVM (comme Proxmox ou OpenStack, dont les leçons sont pertinentes pour oVirt) confirment que le coût et les licences sont des moteurs majeurs. Ces migrations sont universellement décrites comme des projets complexes et potentiellement longs. La gestion de l'indisponibilité est une préoccupation centrale ; la migration à froid est techniquement plus simple mais souvent inacceptable pour les services critiques. Les obstacles techniques récurrents incluent la conversion des disques (VMDK vers QCOW2 ou autre) et les problèmes de pilotes, en particulier pour les VM Windows (erreur 0x0000007B liée aux pilotes de stockage/contrôleur disque). Les VM Linux sont généralement considérées comme plus faciles à migrer que les VM Windows. Le succès repose invariablement sur une planification méticuleuse, des tests approfondis avant, pendant et après la migration, et l'utilisation judicieuse de l'automatisation pour gérer l'échelle et la répétitivité.
- Contexte Red Hat actuel : Il est pertinent de noter l'évolution de la stratégie de Red Hat. Alors qu'oVirt était la base de RHV, Red Hat met désormais l'accent sur OpenShift Virtualization (basé sur le projet open source KubeVirt) comme son offre stratégique pour faire converger la gestion des machines virtuelles et des conteneurs sur sa plateforme OpenShift. Par conséquent, les études de cas et les témoignages récents de Red Hat concernent de plus en plus des migrations vers OpenShift Virtualization, que ce soit depuis VMware ou même depuis l'ancien RHV. Cela reflète une tendance plus large de l'industrie vers l'intégration de la gestion des VM dans les plateformes d'orchestration de conteneurs.
Écueils courants et meilleures Pratiques
- Sous-estimer la complexité, l'effort requis et le besoin en compétences spécifiques pour oVirt/KVM/Linux.
- Tests insuffisants, que ce soit du processus de migration lui-même ou de la validation fonctionnelle et de performance des VM après migration.
- Négliger la planification des changements opérationnels post-migration (sauvegarde, surveillance, maintenance, sécurité).
- Meilleure pratique: Définir et tester les nouvelles procédures opérationnelles avant ou pendant la migration des charges de travail critiques, et non après.
- Mauvaise communication et gestion insuffisante du changement organisationnel.
- Meilleure Pratique: Impliquer toutes les parties prenantes (équipes IT, métiers, management) dès le début, communiquer clairement le plan, les progrès, les bénéfices attendus et les impacts.
- Limitations des outils ou mauvaise application (par exemple, tenter une migration à chaud sans interruption avec des outils basiques comme virt-v2v seul).
- Meilleure pratique: Choisir les outils (open source, commerciaux, scripts/automatisation) en fonction des exigences spécifiques (échelle, criticité, budget, tolérance à l'indisponibilité), comprendre leurs capacités et leurs limites, et investir dans l'automatisation pour les tâches répétitives et à grande échelle.
Les expériences rapportées soulignent la nécessité pour les organisations migrant vers oVirt de s'adapter à une réalité de support différente. Bien que la communauté oVirt puisse être réactive et utile, la résolution de problèmes complexes ou urgents peut nécessiter une expertise interne plus approfondie ou le recours à des contrats de support tiers payants, contrastant avec le modèle de support intégré et souvent plus prévisible de VMware. De plus, le recentrage stratégique de Red Hat sur OpenShift Virtualization pourrait, à long terme, influencer le rythme de développement et la disponibilité d'options de support d'entreprise spécifiquement pour oVirt en tant que plateforme autonome. C'est un facteur de risque que les organisations doivent évaluer dans leur décision.
Conclusion et recommandations stratégiques
La décision de migrer de VMware vSphere vers oVirt implique un arbitrage complexe entre des économies potentielles sur les licences logicielles et les avantages de la flexibilité open source d'une part, et la maturité, l'écosystème étendu et le support intégré de VMware d'autre part.
- Synthèse des compromis : Le principal attrait d'oVirt réside dans l'élimination des coûts de licence directs de VMware, un facteur devenu particulièrement pertinent avec les récents changements tarifaires. Cependant, cet avantage doit être mis en balance avec les coûts indirects potentiels liés à oVirt : investissement en formation, temps accru pour le dépannage et la gestion, et coût éventuel de contrats de support externes. VMware offre une expérience utilisateur souvent plus polie, une base de connaissances plus vaste et un écosystème de partenaires et d'outils tiers plus développé, mais à un coût direct plus élevé et avec une dépendance accrue vis-à-vis d'un seul fournisseur.
- Considérations clés : Avant de s'engager dans une migration, les organisations doivent impérativement évaluer :
- Le coût total de possession (TCO) de manière réaliste, en incluant les coûts de migration, de formation, d'opération et de support, et pas seulement les licences.
- La complexité technique de la migration, notamment la conversion des disques, la gestion des pilotes et la reconfiguration réseau/stockage.
- Leur tolérance à l'indisponibilité pour déterminer la stratégie de migration appropriée (froide, tiède, etc.).
- Les compétences internes disponibles et le besoin d'investissement en formation ou en expertise externe.
- La stratégie de support à long terme pour l'environnement oVirt.
- La nécessité d'une planification opérationnelle post-migration rigoureuse (sauvegarde, surveillance, etc.).
Recommandations stratégiques :
- Évaluation approfondie : Mener un audit détaillé de l'environnement VMware actuel, des dépendances applicatives critiques, et une évaluation honnête de la maturité et des compétences de l'organisation avant toute décision.
- Projet pilote : Démarrer par un projet pilote de migration sur un périmètre limité et non critique. Cela permet de tester les outils, de valider les processus, d'identifier les difficultés spécifiques à l'environnement et de former l'équipe à moindre risque.
- Investissement dans les compétences : Allouer un budget et du temps pour la formation des administrateurs sur oVirt, KVM, l'administration système Linux avancée, et les outils d'automatisation comme Ansible.
- Choix judicieux de la stratégie et des outils : Sélectionner la stratégie de migration (froide, tiède, phasée, reconstruction) et les outils (virt-v2v, solutions commerciales, scripts Ansible) en fonction des contraintes spécifiques de chaque charge de travail (criticité, taille, complexité, fenêtre d'indisponibilité acceptable) et du budget global.
- Planification opérationnelle anticipée : Développer, documenter et tester les nouvelles procédures pour la sauvegarde, la surveillance, la sécurité, la gestion des correctifs et la maintenance de l'environnement oVirt avant de migrer les charges de travail de production.
- Évaluation du support à long terme : Analyser la viabilité à long terme et les options de support pour oVirt, en tenant compte de l'évolution de l'écosystème (notamment la stratégie de Red Hat envers OpenShift Virtualization). Explorer activement les offres de support commercial tiers si un support de niveau entreprise est requis.
- Considération des alternatives : Garder à l'esprit que, bien que ce rapport se concentre sur oVirt, d'autres alternatives à VMware existent (Proxmox VE, OpenStack, Microsoft Hyper-V, plateformes cloud publiques comme AWS, Azure, GCP). Chacune présente ses propres avantages, inconvénients et parcours de migration spécifiques qui pourraient être plus adaptés à certains contextes organisationnels.
Pour conclure, la migration de VMware vSphere vers oVirt peut offrir des avantages significatifs en termes de coûts et de flexibilité, mais elle représente un projet technique et organisationnel complexe qui ne doit pas être sous-estimé. Une approche méthodique, une planification rigoureuse, un investissement dans les compétences et une adaptation des processus opérationnels sont les clés du succès.
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